La blockchain est un réseau décentralisé d'ordinateurs, appelés les nœuds. Chaque transaction transitant entre les nœuds doit satisfaire au protocole de la blockchain en question. L'intérêt de cette technologie est que toutes les transactions sont traitées une à une entre différentes parties sans intervention indispensable d'un intermédiaire, tel qu'une banque, un notaire ou une autorité. Deux parties qui ne se connaissent pas peuvent ainsi collaborer en toute sécurité et en toute confidentialité.

Le Bitcoin est l'exemple le plus connu de blockchain. Mais les possibilités de la blockchain vont bien plus loin que la crypto-monnaie. Nous vous présentons ici plusieurs autres applications intéressantes de la blockchain, qui sont prêtes à conquérir le marché les prochaines années.

1. Cadastre et actes de propriété ('Land registry')

Dans plusieurs pays comme la Suède et le Honduras, une preuve de concept est en cours pour sauvegarder l'enregistrement de propriétés comme des terrains, des habitations ou même des voitures dans la blockchain. Dès qu'un terrain change de propriétaire, la transaction est irréversiblement sauvegardée dans la blockchain. Cette irréversibilité est la grande force de la technologie blockchain : chaque mouvement est traçable et consultable, et il est impossible de pirater la blockchain parce que même la plus infime modification dans la chaîne est immédiatement visible pour tous les nœuds dans le réseau. Les avantages potentiels sont clairs : la corruption et la fraude sont rendues impossibles et le rôle des intermédiaires comme le notaire devient superflu.

Est-ce que cela signifie que la profession de notaire est condamnée ? Non, car dans une phase transitoire surtout, le premier bloc d'une blockchain requiert un contrôle éventuel par une partie fiable (le premier propriétaire du terrain est-il aussi réellement le propriétaire ?).

Étant donné que dans le cas de droits de propriété, la confidentialité peut s'avérer être un point sensible, les actes de propriété seront placés par définition dans une « permissioned blockchain ». Seules les parties fiables prédéfinies - propriétaire, autorités, régulateur, ... - ont alors accès aux informations dans la chaîne.

2. Gestion des droits d'accès

Une autre application de la blockchain se situe au niveau de la gestion des droits d'accès. Lors de la conférence CSCMP Blockchain for Transport & Logistics, une preuve de concept a été présentée pour la manutention des conteneurs dans le port d'Anvers.

Un chauffeur de camion qui vient à présent enlever des conteneurs, reçoit un code PIN lui octroyant l'accès au terminal et au conteneur. Inutile de dire que la diffusion de ce code PIN par e-mail via différents intermédiaires pour arriver finalement chez le chauffeur de camion n'est pas sûre à 100 %.
Le 'droit d'enlèvement' représenté par le code PIN, est remplacé dans le POC par un token sur une blockchain. L'expéditeur a par exemple ce droit en premier, il le transmet à une entreprise de transport qui le transmet à son tour à un sous-traitant. Finalement, le 'droit d'enlèvement' arrive au nom du chauffeur du camion qui va charger le conteneur. Toutes les parties intermédiaires qui ont eu à un moment donné le 'droit d'enlèvement' ou droit d'accès, sont donc irréversiblement enregistrés dans la blockchain et ne peuvent pas transmettre le droit à Une autre partie sans que cela ne soit visible dans la blockchain.

L'implémentation de cette application est relativement simple, tout se déroule via Internet. En guise d'alternative, une adaptation du système de conteneurs n'est dans un premier temps même pas nécessaire si, sur la base du 'droit d'enlèvement', un code PIN unique est généré dans la blockchain à l'entrée du terminal, avec une durée de validité limitée dans le temps.

Voilà donc des projets d'avenir en perspective pour les applications de la blockchain dans le secteur portuaire et le commerce international en général, tel qu'il ressort de plusieurs start-up comme Blockfreight et Wave. 

3. Intégrité des réseaux, des applications et des fichiers de configuration

La troisième application est quant à elle activement commercialisée. Guardtime offre avec « Black Lantern » un outil qui sécurise votre réseau au moyen de la technologie blockchain.

Une manière de protéger votre organisation contre l'intrusion malveillante de l'extérieur consiste à prendre régulièrement des empreintes numériques (« hashes ») des fichiers de configuration et de programme concernés. Dans l'idéal, régulièrement signifie chaque seconde. Ces empreintes sont continuellement comparées entre elles : dès que l'on modifie une empreinte, quelque chose a donc changé dans l'un des fichiers concernés, et il y a un problème potentiel.

Les empreintes que vous sauvegardez dans un fichier de référence classique peuvent malheureusement être encore adaptées assez simplement sans que quelqu'un ne remarque quoi que ce soit. Si vous sauvegardez toutefois ces empreintes chaque seconde dans une blockchain, un hacker ne peut pas modifier les empreintes de référence sans laisser une trace dans la chaîne.

Black Lantern est un périphérique matériel qui vous permet de sauvegarder de telles empreintes dans une blockchain. Il prévoit ainsi une alarme en temps réel vous permettant, en tant qu'organisation, de réagir beaucoup plus rapidement à une éventuelle intrusion malveillante.

4. Plateforme de coordination pour les appareils IoT

Les appareils intelligents connaissent un succès grandissant et nous rendent souvent la vie plus facile, du réfrigérateur qui commande tout seul du lait et des œufs au réseau de capteurs dans vos vitres qui garde la chaleur à l'intérieur et le froid à l'extérieur, en passant par l'aspirateur qui achète ses sacs lui-même. Mais : ces appareils ne sont souvent pas très bien sécurisés et doivent malgré tout communiquer via votre réseau entre eux et avec le monde extérieur. Le capteur dans la vitre doit notamment parler avec le store et votre thermostat Nest envoie des données à Google. Cela signifie que la personne qui pirate un de ces appareils, peut en abuser pour attaquer d'autres systèmes (botnet Mirai), ou peut potentiellement même atteindre d'autres informations sensibles qui se trouvent sur votre réseau domestique.

La blockchain offre aussi la solution à cet égard. Avec une plateforme où chaque appareil est enregistré dans une blockchain et ne communique que via cette blockchain avec les habitants de la maison, d'autres appareils et des fournisseurs fiables du monde extérieur, personne ne peut faire intrusion sans laisser de trace.

5. Processus d'entreprise externes

Une dernière application de blockchain intéressante que nous vous présentons, a trait aux processus d'entreprise entre différentes organisations. Songez ici par exemple au commerce international nécessitant toutes sortes de documents, qui passent entre les mains de différentes organisations et qui sont remplis et complétés par différentes personnes : un connaissement, des papiers de douane, une demande de crédit (financement commercial), ...

Un engin de processus d'entreprise classique soutient le flux de travail complexe derrière ces paperasses, mais il ne peut pas garantir à 100 % que chaque pdf soit aussi le dernier document correctement rempli. Cet aspect lié à la sécurité est maintenant souvent résolu en construisant un engin de processus d'entreprise auprès d'une partie indépendante fiable.

Vous pouvez toutefois aussi enregistrer l'intégralité du flux de travail avec toutes les étapes et tous les statuts dans une blockchain. Toutes les parties remplissent alors indépendamment les unes des autres les documents nécessaires et les valident dans la blockchain. Chaque modification de statut est aussi enregistrée dans la blockchain et, à la fin du flux de travail, un pdf est généré sur la base du statut et des informations dans la blockchain. Il est simple de vérifier au moyen de la blockchain si ce pdf est correct, s'il n'a pas été manipulé, et s'il s'agit en outre de la version finale.

Dans la plupart des applications, nous voyons que plusieurs parties sont impliquées. Aussi, la blockchain s'avère être une technologie appropriée justement dans des cas impliquant plusieurs parties. Avec la blockchain, il est notamment possible de mettre sur pied une plateforme fiable entre différentes parties sans faire appel à un tiers de confiance. Un beau terme qualifie cela de désintermédiation.
En outre, le terme d'irréversibilité apparaît souvent dans les exemples examinés. La grande force de la blockchain réside dans le fait que chaque action ou modification est fixée et ne peut plus être annulée. Plus jamais. La falsification d'une blockchain requerrait une puissance de calcul qui n'existe tout simplement pas. La blockchain est ainsi une technologie robuste, fiable et sûre qui possède tout ce qu'il faut pour devenir la norme en quelques années seulement.

Si vous voulez en apprendre plus sur la blockchain, veuillez contacter notre expert Stefan Smeets via Stefan.Smeets@realdolmen.com ou Roel De Cuyper, Division Manager The Connected Company via roel.decuyper@realdolmen.com.

Si vous voulez en savoir plus sur la Connected Company, veuillez lire nos blogs parus antérieurement :

10 principes pour devenir une 'connected company'

Proximus et IoT : une histoire de 'getting there together'