Ces nouveaux acteurs se concentrent principalement sur la reconception (d'éléments) de la chaîne de valeur de l'assurance, la rendant plus rapide, plus simple et davantage orientée client. Les assureurs savent qu'ils sont confrontés à un contexte en rapide évolution, ce qui les force à réajuster leur position. Cependant, en comparaison avec les banques, leur taux d'adoption technologique et innovateur est plutôt faible et les changements qu'opère le secteur des assurances semblent à la traîne. Pourquoi une telle inertie ? Que se passe-t-il ?
'Comme un goût de Lemonade'
Cela ne signifie pas que rien ne change sur le marché des assurances, puisque le nombre d'insurtechs est en hausse. Selon McKinsey, le financement annuel en insurtech augmente de 36 %. Ces dernières années, des start-up prometteuses ont vu le jour. Parmi elles, on retrouve Lemonade Insurance Company, parfait exemple de la disruption numérique dans le secteur des assurances.
Lemonade est un assureur non-vie américain axé sur l'assurance habitation. Rien d'extravagant ou de perturbateur jusque-là, toutefois ce qui rend la compagnie unique, c'est la façon dont elle ébranle la base même des assureurs traditionnels. L'un de ses messages commerciaux résume parfaitement la situation : « S'il vous arrive quelque chose, nous garantissons un paiement ultra-rapide. C'est ce qui arrive lorsque l'on fonctionne avec des robots à la place de courtiers, et d'algorithmes à la place de paperasse. » La procédure de soumission d'une demande de paiement prend environ 90 secondes. 25 % des demandes sont réglées dans les 3 secondes. Pensez-y. L'introduction d'innovations technologiques telles que l'intelligence artificielle et l'apprentissage machine permet non seulement de réaliser des économies administratives, mais fait en en outre passer l'expérience client au niveau supérieur.
Cependant, Lemonade ne s'arrête pas là. L'un des principaux aspects de sa proposition de valeur est une transparence fiable proactive, avec une touche sociale. La compagnie impute des frais fixes de 20 % de la prime pour couvrir ses frais propres. 80 % sont réservés aux indemnités et à la réassurance. L'argent restant est donné à des œuvres caritatives. De cette façon, Lemonade va au cœur de la question et dissout les intérêts opposés entre assureur et assuré : l'assureur craint la fraude et l'assuré craint de ne pas être indemnisé et est frustré par les longs délais de traitement souvent dus au manque de confiance.
Lemonade est une compagnie encore relativement jeune, et seul le temps dira si son modèle commercial novateur impactera le secteur des assurances. Le fait est que les sociétés effectuent des tests pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Certaines y arriveront, d'autres échoueront et apprendront de leurs erreurs. Toutefois, malgré toutes ces insurtechs florissantes, le changement n'est pas en pleine éclosion dans le secteur des assurances.
Les raisons pour lesquelles les assureurs marchent souvent au ralenti sont multiples : des obstacles idéologiques : l'enjeu est trop important pour échouer ; les assurances seront toujours une nécessité,