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Singularity: au-delà des prédictions

6 novembre 2019

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Un dicton danois bien connu veut que « prédire est très difficile, surtout lorsqu’il s’agit de l’avenir ». Et la difficulté ne cesse de croître si l’on en croit la génération actuelle de futurologues. Tous parlent en effet de “singularité”. Que signifie ce concept et pourquoi doit-on en tenir compte?

Cet article a été écrit en collaboration avec des universitaires de l'Université de Gand et fait partie de notre magazine 'Co-thinking about the Future'.

De tout temps, il y eut des partisans et des adversaires des nouvelles technologies. Toutefois, le débat fait plus que jamais rage ces derniers temps. La raison? De nouveaux développements en robotique et en IA provoqueront la fin de l’humanité, estiment certains.

Un superordinateur intelligent

Un terme qui revient invariablement dans de telles discussions est “singularity”. « Pour la définir simplement, la “singularité” est l’instant dans l’avenir qui verrait s’ouvrir une ère où, avec la meilleure volonté du monde, nous ne serions plus capables de formuler les prévisions sensées », explique Thomas Verschueren de Realdolmen. « A cet instant, les nouveaux développements, dans une multitude de disciplines scientifiques, auront atteint un tel stade que nou ne pourrons plus prédire ce que sera l’étape suivante. Tout sera littéralement possible. » On s’en réfère ici essentiellement à des développements en robotique et en technologie informatique mais également en génétique et en nanotechnologie, par exemple. Des experts estiment que l’élément crucial résidera dans les potentiels de l’intelligence artificielle (IA). Ces dernières années, son développement a connu une énorme accélération, qui amène certains observateurs à rêver d’une IA consciente. « Imaginez un superordinateur disposant d’une puissance de calcul infinie et ayant accès à pratiquement toutes les sources d’informations existant dans le monde », explique Thomas Verschueren. « Ajoutez-y des algorithmes qui permettent à la technologie d’identifier des schémas au sein de toutes ces données, de pointer des problèmes et de découvrir des opportunités, et vous vous retrouvez avec quelque chose ressemblant au Skynet des films Terminator. En particulier si cet ordinateur est connecté avec un nombre énorme de robots qui exécutent servilement - après tout, il s’agit de robots - les instructions du système. »

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Cauchemar

Un tel scénario a le don d’empêcher littéralement des scientifiques et entrepreneurs réputés, tels que Stephen Hawking, Elon Musk et Bill Gates, de dormir. En effet, notre sort n’aurait d’après eux rien d’enviable. D’un point de vue purement rationnel, on peut considérer que l’homme est la plus grande menace existant pour notre planète. Un système IA un tant soit peu intelligent aurait dès lors tendance à vouloir nous biffer le plus rapidement possible. Les choses ne doivent toutefois pas nécessairement se dérouler de cette manière, affirme Thomas Verschueren. « Face à ces pessimistes, on trouve en effet des experts qui voient surtout des aspects positifs dans les développements actuels de l’IA et des technologies apparentées. On peut par exemple citer le mouvement des transhumanistes qui estiment que l’homme lui-même peut - et doit même - s’améliorer à l’aide de la technologie. Ray Kurzweil, qui fut un pionnier dans développement de la technologie de la parole et du scanner, en est devenu la figure de proue. Selon sa vision des choses, la “singularity” est le moment à partir duquel l’humanité libérera son véritable potentiel à l’aide de la technologie et où nous serons en mesure de résoudre tous nos problèmes: faim et pauvreté, mais aussi charge de travail et embouteillages. Le champ du possible, tel qu’ils se le représentent, inclut également la perspective de l’immortalité et la colonisation d’autres planètes par l’homme. »

Un monde tout proche

Il est pratiquement certain que la singularité se concrétisera un jour, estime Thomas Verschueren. « En effet, les progrès radicaux touchent un nombre tel de secteur et à un rythme tellement élevé que le risque de conséquences inimaginables ne cesse de croître. Des scientifiques tels que Ray Kurzweil se risquent même à y accoler une date. Selon lui, la singularité se situera aux alentours de l’année 2045. Son calcul se base sur une interprétation nouvelle de la Loi de Moore qui permet de conclure que la vitesse de traitement des processeurs informatiques sera à cet instant suffisante pour émuler le cerveau humain en temps réel. » 2045 est pratiquement à notre porte. On pourrait donc penser qu’il est grand temps pour nous de nous y préparer. Mais n’est ce pas précisément là le grand problème avec la singularité. « Comment peut-on se préparer à l’imprévisible ? », se demande Thomas Verschueren. « Par où commencer? Comment s’y prendre? La seule chose que l’on puisse faire, c’est d’imaginer tous les scénarios “What if” possibles et de s’en servir pour essayer de formuler une réponse. Peut-être la singularité ne serat- elle par exemple pas provoquée par l’IA mais par les nanotechnologies. Il n’est en effet pas irréaliste d’imaginer que nous puissions en arriver un jour à avoir la possibilité, dans ce domaine, d’imiter toute matière possible. Cela ferait s’effondrer la totalité de notre système économique dans la mesure où il est basé sur la rareté des matières premières. Si nous sommes dès lors en mesure de créer nous-mêmes des réserves illimitées de matières premières, cela provoquerait un choc énorme ayant des répercussions incalculables. »

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Réalité ou science-fiction?

Ne pouvons-nous donc rien faire, sinon attendre jusqu’à ce qu’éclate une forme d’apocalypse économique? Bien sûr que
non, estime Thomas Verschueren. « Cela ne ferait pas de tort si les scientifiques et les entrepreneurs se penchaient plus régulièrement sur les conséquences éthiques et sociétales des nouvelles évolutions technologiques. Nous devons prendre conscience que chaque nouveau pas franchi en termes de progrès peut déclencher la singularité. Cela peut se produire tout simplement par hasard. Cela ressemble fort à un récit digne des films de science-fiction mais le risque que cela devienne réalité est plus élevé que jamais. »

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